Login

Le recrutement est lui aussi en pleine r Le recrutement est lui aussi en pleine révolution

L'arrivée de la génomique oblige les entreprises de sélection à revoir la façon dont elles s'approvisionnent dans les élevages.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Connaître la valeur génétique des bovins dès leur naissance change aussi la donne du recrutement. Aussi bien pour les mâles que pour la constitution des noyaux de sélection femelle. Les entreprises passeront au crible du génotypage tous les candidats au recrutement, triés comme auparavant sur leur ascendance.

Ils seront forcément plus nombreux à rester sur le bord de la route qu'avec le dispositif actuel. «Nous avons l'habitude de travailler avec 900 éleveurs sous forme de contrat pour la création génétique, détaille Thomas Krychowski, directeur général de Créavia. Là, nous pourrions nous contenter d'acheter 200 mâles au lieu d'un petit millier.» Mais ce n'est pas la voie retenue par les entreprises de sélection.

Elargir la base de sélection

«En vitesse de croisière, notre programme contractuel prim'holstein donnera naissance à 2.500 mâles, poursuit Thomas Krychowski. Nous les achèterons et les génotyperons tous. Une centaine d'entre eux intégrera le schéma, les autres seront abattus. Avec le testage sur descendance, nous achetions de 800 à 900 veaux par an, pour en mettre 250 en testage.»

De son côté, Gènes diffusion estime devoir réaliser 1.000 typages pour mettre 150 taureaux sur le marché. Comme Amélis, il propose une indemnisation pour les veaux génotypés non retenus. Les éleveurs garderont la maîtrise de leur commercialisation.

En race montbéliarde, Umotest n'a pas encore arrêté sa politique de recrutement. Tout en reconnaissant qu'il y aurait moins de mâles à entrer en station, David Dupassieux, le directeur adjoint, glisse que l'entreprise «n'en achèterait pas forcément moins pour autant...»

«Pour la normande, aucune nouvelle politique n'a encore été définie, constate Valérie Dodelin, directrice de GNA. Les éleveurs souhaiteraient que l'amont du schéma reste géré au niveau national par GNA. Les partenaires devront se mettre d'accord, notamment sur l'utilisation des mâles en taurellerie, si certains veulent continuer le testage.» Mais, au lieu de testage, la plupart des entreprises préfèrent parler de «confirmation» (lire l'encadré ).

Intensifier la voie femelle

La pression de sélection augmentera aussi sur la voie femelle. Leurs index seront connus, comme pour les mâles, dès la naissance et avec la même précision. Certaines mères à taureaux actuelles ne passeront pas l'épreuve du génotypage. Conséquence: le transfert embryonnaire devrait prendre de l'ampleur pour assurer la multiplication des souches.

Amélis offre aux sélectionneurs une aide financière à la démultiplication des femelles de haut niveau, ainsi qu'une aide logistique pour trouver des receveuses. Comme chez Gènes diffusion, les éleveurs restent propriétaires de leurs ressources génétiques femelles, qui sont laissées en ferme.

Chez Créavia, l'approche collective qui a prévalu jusqu'à aujourd'hui reste de mise avec le programme Créavenir. «En routine, nous génotyperons 2.500 femelles pour en exploiter 375, estime Thomas Krychowski. Ces génisses élites seront ensuite multipliées, soit dans une station de production embryonnaire, soit chez leur propriétaire. Celles qui entreront en station leur seront restituées pleines une fois le cycle de prélèvement achevé.» Leurs meilleures filles pourront à leur tour rejoindre le schéma pour l'alimenter en mâles et en femelles. Créavia a également prévu des contrats pour mettre à disposition des receveuses.

Umotest parie aussi sur «la synergie entre les nouvelles technologies»: sexage, transplantation embryonnaire et génomique se combineront pour repérer les bonnes femelles, les multiplier, procréer un grand nombre de candidats et rentrer les meilleurs en station.

Il reste la question de la diffusion des index de ces femelles génotypées aux éleveurs. Gènes diffusion, Amélis et Créavia ont choisi de les communiquer à leurs propriétaires. Umotest n'a pas encore tranché.

 

 

Trois questions à: LAURENT JOURNAUX, responsable du service génétique de l'UNCEIA (1)

Le testage reste indispensable pour mieux connaître les taureaux

La génomique marque-t-elle la fin du testage?

Non, mais sa forme évoluera. Il faudrait d'ailleurs changer la terminologie pour éviter les ambiguïtés. A leur mise en service, les taureaux génomiques ont un CD compris entre 0,5 et 0,6 selon l'index considéré. Cela suffit pour commencer à les exploiter. Pour les connaître avec une précision de 0,9 comme ceux évalués sur descendance, nous avons besoin de connaître les performances d'au moins 200 de leurs filles.

Aura-t-il lieu dans les mêmes conditions qu'actuellement?

L'esprit reste le même: accoupler les taureaux avec un échantillon représentatif de femelles. C'est important pour éviter que les index ne varient trop fortement comme on l'a déjà connu avec l'arrivée des filles de service. Il sera ainsi possible de savoir rapidement s'il faut continuer à exploiter un mâle et comment utiliser ses fils de la meilleure façon. Le testage permettra aussi d'entretenir la population de référence. Cette dernière nous permet de mettre à jour les équations de calcul des index.

Existe-t-il plusieurs possibilités pour ce testage?

Les entreprises de sélection pourront continuer à procéder comme aujourd'hui. C'est-à-dire en diffusant individuellement ces jeunes taureaux sans donner leur index pour ne pas influencer l'éleveur. Ou ils intégreront ces mâles à des packs, en révélant leurs index non pas à l'achat mais à la mise en place des doses.

_____

(1) Union nationale des coopératives agricoles d'élevage et d'insémination animale.

 

[summary id = "10022"]

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement